Jeudi d’automne.
Treize heures et des poussières.
Sur la place ensoleillée.
Un groupe de jeunes.
Installés sur la terrasse.
Au milieu, une fille.
Cheveux châtains clairs.
Frange.
Manteau long sur robe courte.
Des grosses bottines aux pieds.
Debout.
Elle explore son smartphone.
Discute avec ses comparses.
Se tient au centre du groupe.
Attire l’attention.
En est consciente.
Le fait même exprès.
Son regard survole la place.
Sonde les environs.
Cherche.
Elle se penche sur une table.
Saisit une canette.
La porte à ses lèvres.
S’assoit.
Plaisante.
Joue avec ses cheveux.
Les jambes croisées.
Puis se relève.
Fait trois pas.
Revient en arrière.
Surveille son smartphone.
Se rassoit.
Se relève.
Traverse la place.
Le manteau ouvert sur ses longues jambes.
La démarche est souple, assurée.
Elle existe.
Attire les regards.
Feint de les ignorer.
Mesure l’effet produit.
L’air de rien.
Elle jette la canette dans une poubelle.
Tourne les talons.
Les pans du manteau se soulèvent.
Les cheveux volent.
La voilà repartie, en sens inverse.
Tête droite.
Désinvolture étudiée.
Toute en légèreté.
Elle retrouve le groupe.
Chahute avec un garçon qui voudrait bien l’attraper.
S’échappe en riant.
Échoue sur une chaise.
Papote.
Ne tient pas en place.
Le smartphone greffé à la main.
Lorsque les autres se lèvent, elle ne bouge pas.
Les laisse partir.
Indifférente.
Toujours à contretemps.
Juste ce qu’il faut pour se faire remarquer.
Puis elle les rejoint, son sac en bandoulière.
S’éloigne.
Disparaît.